TEXTE OUTRASH TRACES TRASH
Marc Dufaud (juin 2003)
1 : Dans la poussière d'un après midi aux variations
solaires époustouflées, je m'étiole de toutes mes forces
sur le canapé, occupé à régler la position de mon
corps en fonction des rayons obliques diaphanes qui trouent le salon. Et croyez
bien que je m'applique. Les heures glissent tout schuss sur ma peau de neige.
Dix explorations souterraines et nada ! Same player shoot again. Un coup pour
rien ! Tout est révélation. Tout est Apocalypse.
A Guatamanto on construit le couloir de la mort. Peine de mort par électrocution;
autrefois, il fallait mouiller l'éponge pour que l'électricité
aille droit au cerveau sans quoi le corps se mettait à fondre en dégageant
une puanteur traumatisante. La même chose est arrivé à un
type qui bossait dans une morgue. Le cadavre allongé sur la table réfrigérée
devait être préparé le lendemain. Un court circuit dans
la nuit inversa le processus de refroidissement; la table se mit à chauffer.
En prenant son service à l'aube, le type voit le corps liquéfié,
gerbe et donne sa démission.
Cendres dispersées au Gange. Crémation sur les
ghats de Bénarès. Il faut 7 à 8 heures pour consumer intégralement
un corps humain. Du coup, lorsque le bois vient à manquer, des cadavres
à demi calcinés sont jetés au Gange et aux poisons carnivores.
Ventre à terre. Les anciens combattants du Vietnam reconvertis Truck
driver écumant le pays d'est en ouest. Des études ont montré
que la plupart des serial killer exerçait la profession de camionneur.
Mobilité fédérale.
Gueule gélatine. La vision insolite de visages verdâtres dans l'angle
mort d'une mémoire catacombe renforce le malaise. Sursaut de l'ange au
bord du précipice. La terre se dérobe sous ses pieds. La chute
paraît inéluctable mais soudain ses ailes se déploient dans
le vide et le voilà qui vole jusqu'au ciel. Plus haut ou plus bas, ça
n'a aucune importance. Au delà. Interlude.
Mes neurones crépitent comme des Phosphènes. Cerveau électrique.
Bien sur, les dealers de mort et les anges poussières
tentent une ultime contre offensive. Après tout, rien n'est perdu. Ils
balancent dans les canalisations leur dope merdique, mais les caniveaux débordent
et les égouts craquent. Des millions de rats déjantés jaillissent;
ils sautent à la gueule des pourvoyeurs de mort, cheminent à l'intérieur
de leurs crânes, leur bouffent le cerveau. Des bootlegers avertis et plutôt
malins prennent les paris; la plupart des rongeurs ressortent par la joue après
avoir dévoré la langue et l'intérieur de la mâchoire..
Internet explose : des particules de nazis pédophiles volent en éclats
et dégueulent sur le complet de Bill Gates.
Cendrillon en escarpins trimballe ses cauchemars de belle au
bois dormant : un shoot dans la veine la plus directe au cœur. Elle renverse
la tête au ciel et puis s'éteint lentement, dédiant son
extase morose à tous ses princes charmants qui ont finit en HP. Ensuite
elle s'allonge sur l'autel. La cérémonie commence. Elle est la
matrice. Les jambes écartées, elle fornique avec un rat mutant.
L'animal ne lui laisse aucun répit. Conception de l'Enfant lune, le futur
Antéchrist. Mais l'instinct grégaire reprend le dessus. Le rat
lui bouffe la chatte( ce qui n'est pas le moindre des paradoxes) et pénètre
à l'intérieur de son ventre. Quelques militaires argentins à
la retraite suturent le vagin de Cendrillon et les paris reprennent. Pinochet
( le bien nommé) propose ses services. Dans le milieu, il est plutôt
respecté. L'incident n'amuse guère les deux, trois sbires sataniques.
Une messe noire pour rien.
" J'ai tout mon temps" avertit Méphisto en crochetant le clown
de Dieu.
Mythologie barbare.
Le Prophète paranoïaque prétend que la décision d'atomiser
par deux fois le Japon, fut sans doute la meilleure décision jamais prise
et sauva le monde d'un conflit nucléaire inéluctable.
2: La Belle au Bois Dormant tapait une nouvelle crise de somnambulisme
; son prince charmant venait d'apprendre à l'instant même qu'il
était séropositif.
Et toute les mythologies n'y changent rien. Pénésalope avait d'ailleurs
de demandé le divorce depuis belle lurette. Qu'est ce que c'est que cette
histoire de tapisserie faite et défaite. Shéhérazade s'était
fait la malle depuis longtemps et tous les émirs arabes pouvaient se
brosser pour mettre la main dessus. Ils parcouraient le monde à sa recherche.
Elle tenait un bordel à Saigon. Et avait changé de nom. N'avaient
plus qu'à se rabattre sur des starlettes d'Hollywood. Le deal au moins
était clair. De vrais pro, des call girls, avec un contrat de confidentialité
et tout le tremblement.
Les SA s'étaient déguisés en longs couteaux pour le bal
masqué. Nuit de cristal. Lili Marleen dit qu'il allait pleuvoir et Lilith
dégringola des cieux. Cette partouze de tantouzes nazis la faisait flipper.
Soudain, elle se mit à émasculer la légion toute entière.
D'autant plus vite fait, qu'ils avaient tous le pantalon sur les bottes.
3 : Le sol se met à trembler. La Lézarde s'agrandit.
Et engloutit tout ce monde dans les entrailles de la terre. En Enfer.
La prophétie est accomplie ou bien est en train de l'être. C'est
l'heure sombre, le kali Yuga. Enfants lune et des poisons carnassiers sortent
des marécages et des océans; leurs nageoires se sont rétractées
des pieds ont poussé, ils prennent la ville d'assaut et leur règne
durera 1000 ans . Babylone tremble, vacille mais n'est pas encore tombée.
1000 ans passeront et la nouvelle Jérusalem descendra du ciel.
72 démons et leurs collabos avalent des capsules de cyanure. Les commissionnaires
de la Bête s'inoculent volontairement le tétanos. Histoire d'en
finir.
Un type titube jusqu'à moi, la chemise couverte de sang et s'affale dans mes bras. Il a du mal à respirer. Je le soutiens. Sur le trottoir, je l'allonge contre moi en soutenant sa tête. J'ai la main rougi par du sang qui coule de sa nuque. Une entaille profonde. A ça c'est pas loin- de la veine fémorale. Deux coups de couteau dans le dos. Percé jusqu'au poumon. Une bagnole de flic déboule L'agent met ses gants Mapa blanc. Un instant j'ai l'impression qu'il va procéder à une "palpation" ( c'est leur jargon). Le flic pense peut-être que ça peut stopper l'hémorragie! À moins qu'il ne veuille lui faire un bouche à bouche comme on apprend dans les écoles de secourisme. Finalement, le keuf décide de ne pas s'approcher mais lance à la cantonade : " Monsieur à ses papiers".
4 : Le bal des maudits continue : se glissant dans leur robe de mousseline les femmes aux 7 visages déambulent dans le corridor, un verre de champ à la main. Bal masqué. Des curés en mephistophélès ont fier allure, ma Foi. Des Apaches montmartrois et quelques rappeurs friment un max avec leurs coutumes de rue. Ils jouent l'épat pour les dames. .Quelques prêtres défroqués dans des accoutrements impossibles se parjurent. Histoire de foutre en l'air leur sainteté. Le couloir est infesté d'âmes damnés pour de plus immédiats plaisirs ou récompenses insuffisantes. On danse au premier étage. La cohorte famélique pénètre au salon en agitant des crécelles de cuivre sur son passage. Ca pue la lèpre.
Jours sans audace. Enivré. Le corps renonce et toute
la foutaise du monde s'y colle. Un vrai tue mouche. Pestilence ; l'âme
est une cavité monstrueuse et puante, un corps mort. La plaie autour
de la joue, cette morsure incan-peu- décente attaquée par la gangrène,
commence à sentir le cadavre.
Il fallait les voir irradiant de fougue, de jeunesse, tendre la main en espérant
que ça tombe tout cuit. Mais le temps refroidit ces plats là.
Le vieillard retrouve au soir de sa vie son âme d'enfant. Le corps n'est plus qu'une vieille pelure débarrassé de toute nécessité sensuelle, ratatiné. Il rit aux larmes dans le fleuve de ses souvenirs; il se pisse dessus, s'édente, se brise comme de l'argile. Chrysalide de l'enfance. Cocon protecteur. .En fait, il replonge aux racines de son être véritable, vérité prénatale fœtale, se réconcilie avec son essence.
5 : Une aube électrique. Je rentre seul. Une fois n'est
pas costume. La nuit liquide
coule dans nos veines. Je veux qu'on m'enterre avec de la dynamite. Histoire
de débusquer l'ennemi. J'allume la mèche. Les passants dessinent
sur le sol autour des corps mutilés de nouveaux pentacles savants et
magiques. Des clodos passent devant cet amas de chair brûlée et
sanglante sans même y prêter attention
Pour dix dollars des moines Bouddhistes ramassent sur les trottoirs de Bangkok
les cadavres putréfiés qui jonchent quotidiennement la rue; une
œuvre de salubrité publique puisqu'ils préservent ainsi la
population de contamination et de maladies diverses.
L'ANGOISSE CE N'EST QUE DU DESIR INVERSÉ.
J'arrache le masque de peau qu'affleure le spectre hideux, ma face morte.
"So, Follow Christ as best you can"